Rick Haworth Dans Le Média
"À La Guitare, Rick Haworth," de Chansons D'Aujourd'hui, Avril 1989. Français AnglaisSon truc à lui, c'est la guitare
Quel est l'artiste qui a joué le plus souvent au Festival d'été et au Spectrum de Montréal? Richard Séguin? Paul Piché? Charlebois? Vous n'y êtes pas du tout! Le détenteur de ce record passe inaperçu dans la rue et quand il se retrouve sur scène, jamais il n'adresse la parole au public. Effacé et efficace, son truc à lui, c'est la guitare. Rick Haworth, ça vous dit quelque chose? Il accompagne Michel Rivard, Paul Piché, Daniel Bélanger, Zachary Richard, Isabelle Boulay, Rudy Caya, Sylvie Paquette, Kevin Parent, Carole Laure. Mais il dit qu'il en connaît des «mille fois meilleur» que lui qui ne jouent pas. Une fois qu'il en a terminé avec un album, il est incapable de l'écouter. À jamais! «C'est l'horreur, confie-t-il. Je n'entends que les défauts.» Rick Haworth est sans doute l'une des personnes les plus chouettes du milieu. Ce n'est pas pour rien qu'on se l'arrache! Dans une roulotte qui sert de loge, à côté de la scène du parlement, il se raconte simplement, sans cacher son étonnement qu'une journaliste s'intéresse à son cas. Il n'est pas pressé. Il sourit tout le temps. Il ignore sans doute à quel point sa présence est apaisante dans l'agitation d'un festival. Il a 43 ans. Né dans l'Ouest de Montréal. Élevé dans un milieu anglophone. Il pouvait tout juste «commander un hot-dog en français». Dès qu'il a obtenu son permis de conduire, il s'est mis à frayer avec les gens de l'Est. À 19 ans, il a rencontré sa femme. Une francophone. Le professeur idéal. Son père jouait en amateur de la guitare, du piano et du banjo. «Il m'a toujours secondé dans ma vocation artistique, mentionne le guitariste. Mais il a insisté pour que je termine mon bac en communication.» Les seuls cours de guitare qu'il a suivis furent «désastreux». «J'étais lâche, je ne répétais pas, poursuit-il. Mon prof m'a laissé passer parce qu'il savait que j'avais besoin de ces crédits.» Rick Haworth ne lit pas la musique. Après l'université, il a fait le circuit des bars. Son style? Le country-rock. En 1977, première incursion dans le milieu professionnel. Il a joué dans Cassonade, le premier disque solo de Stephen Faulkner. Puis il a assisté à un spectacle de Michel Rivard. «Il faut que je joue avec lui», ambitionnait-il. Il est arrivé à ses fins, puisque Rivard a fait appel à lui pour De Longueuil à Berlin. «Son meilleur album», estime Haworth. De son point de vue, son premier spectacle avec Michel Rivard a viré au cauchemar. «J'ai pété une corde, les tounes étaient dures à jouer, relate-t-il. Peu après, Michel s'est éloigné de la musique pour faire plus de théâtre. Je pensais que c'était ma faute!» Ces deux-là, c'est à la vie à la mort, semble-t-il. Ils travaillent ensemble depuis 22 ans. Rick Haworth a réalisé plusieurs albums au cours des deux dernières années. Sa «première réalisation sérieuse»? Quatre saisons dans le désordre, de Daniel Bélanger. Oser, de Sylvie Paquette, c'est lui. Le premier album solo de Rudy Caya, encore lui. «La réalisation, c'est un peu malsain, dit-il. Tu travailles 16 heures par jour, six-sept jours par semaine. Quand je rentre chez moi, ma blonde me vouvoie.» Il prétend que tous les musiciens ont l'ego un peu enflé. Même lui! «Je suis rendu digital: j'ai mon site Internet!» lance-t-il, faussement vaniteux. Alors quand il sent que sa tête ne passe plus dans la porte, il retourne à ses guitaristes préférés, Ry Cooder, Richard Thompson, ou David Lindley. «Lindley est celui qui m'a le plus guidé dans mon évolution et dans la découverte de mon propre son», mentionne-t-il. Rick Haworth possède une vingtaine de guitares, des usagées pour la plupart, qu'il achète, échange, revend, très souvent à Jeff Smallwood. Mais il revient toujours à sa bonne vieille Fender Telecaster, qu'il utilise «90% du temps». La guitare ne fait pas le guitariste et ne lui donne pas les éclairs de génie essentiels à sa progression. «La peur de ne plus avoir d'idées, tous les musiciens angoissent avec ça», laisse tomber Haworth. Alors comme il n'a nullement l'intention d'avoir un jour un album à son nom, il multiplie les collaborations. C'est ainsi qu'il arrive à se renouveler. Article par Michèle LaferrièreLes TRUCS du métier avec Rick Haworth
Ce mois-ci: Le rôle du réalisateur dans le processus de production d'un disque avec Rick Haworth Dès la fin des années 70, Rick Haworth s'est bâti une solide réputation de guitariste. Il a ensuite gagné ses galons à titre de réalisateur de disques, oeuvrant aux côtés, notamment, de Daniel Bélanger, Michel Rivard, Kevin Parent et Sylvie Paquette. Cet automne, il sera en tournée avec Rivard et Isabelle Boulay. Dans le processus de production d'un disque, à quoi sert le réalisateur? L'artiste qui cherche un réalisateur doit bien cerner ses besoins: veut-il un spécialiste des arrangements? Un bon coach pour les pistes vocales? Entrer en contact avec d'autres musiciens? Il faut chercher les qualités qui nous font défaut. Le rôle du réalisateur, c'est de développer chaque chanson à son meilleur tout en prenant en considération les goûts de l'artiste. Quand le réalisateur entre-t-il en scène? Les plus souvent, c'est au moment où l'artiste sous contrat entre en pré-production pour son album. Il y a a deux sortes de réalisateurs: le réalisateur-ingénieur, qui supervise l'aspect technique, le mixage, et l'arrangeur-réalisateur, qui se penche plus sur l'oeuvre musicale, qui établit un contact plus personnel avec l'artiste. Tout se termine au mastering. Comment un artiste peut-il marier ses aptitudes avec celles du réalisateur? C'est une question de choix, de chimie. Un artiste qui a besoin de soutien pour améliorer ses arrangements a tout intérêt à travailler avec un réalisateur ferré en arragements. L'artiste qui se reconnaît dans le son de l'album d'un autre artiste, aurait intérêt à aller vers ce réalisateur. C'est à ce dernier de voir ensuite s'il ressent bien cette musique. Une artiste qui a déjà un son et des arrangements bien définis, devrait plutôt aller voir un réalisateur-ingénieur. Comment savoir si on est tombé sur le bon réalisateur? Quand un réalisateur rencontre un artiste, il essai de savoir quel genre de musique il aime, si l'artiste lui parle de disques qui ne lui disent rien, ou qu'il possède un style musical qu'il ne connaît pas très bien, il va lui suggérer de trouver quelqu'un d'autre. Il faut s'assurer qu'on partage les mêmes sources. C'est une question d'affinités, car l'artiste et le réalisateur vont passer énormément d'heures ensemble. Combien de temps peut prendre la réalisation d'un album? Tout varie. Disons qu'en moyenne, un réalisateur va travailler trois mois à temps plein sur un album, à raison de 10 à 12 heures par jour, six jours par semaine. Quel est le rôle du studio dans la production d'un album? Le réalisateur choisit souvent le studio. Il veut s'assurer d'un certain rendement, de l'équipement disponible. C'est une question d'atmosphère et d'espace, de bonnes vibrations. Qui choisit, engage et paie le réalisateur? Un nouvel artiste qui vient de signer avec une compagnie va se voir suggérer deux ou trois noms, mais le plus souvent, c'est l'artiste qui a le dernier mot, car le salaire de réalisateur est proportionnel au budget de l'album, et c'est lui qui paie en bout de ligne. Mais il y a aussi des artistes, surtout au début de leur carrière, qui se verront imposer un réalisateur qui établira leur style. Que penser des artistes qui réalisent leurs propres albums? Un artiste établi peut posséder une vision plus pure de ce qu'il désire . . . mais il risque de se limiter à enregistrer un album seulement à tous le trois ou quatre ans. Il y a a aussi le risque du syndrome du microscope, où l'artiste, enfermé dans sa bulle, peut perdre la vision globale de son produit. Il peut avoir besoin d'un directeur artistique pour obtenir l'opinion d'une oreille extérieure. -Propos recueillis par Sylvain-Claude FilionTricks of the Trade with Rick Haworth
This month: The role of the producer in the production of a CD with Rick Haworth By the end of the 1970's, Rick Haworth had a built a solid reputation as a guitarist. He then went on to producing albums alongside many artists, most notably Daniel Bélanger, Michel Rivard, Kevin Parent and Sylvie Paquette. This autumn he will be on tour with Michel Rivard and and Isabelle Boulay. What is the role of the producer in the production of an album? The artist who looks for a producer must determine his needs well: does he want a specialist in arrangements? A good coach for the vocal tracks? To come into contact with other musicians? It is necessary to seek qualities which are missing to us. The role of the producer is to develop each song to its best while taking into account the tastes of the artist. When does the producer enter the scene? Most often, it is at the time when the artist under contract starts pre-production for his album. There are two kinds of producers: the producer-engineer who supervises the technical aspect, the mixing; and the arranger-producer who leans more on musical work, which establishes a more personal contact with the artist. All finish with the mastering. How can an artist marry his aptitudes with those of the producer? It is a question of choice, of chemistry. An artist who needs support to improve his arrangements may find it beneficial to work with a producer well-versed in arrangements. The artist who recognizes himself in the sound of the work of another artist, would be interested to go with this producer. He would then have to see if the producer has a good feel for the music. An artist who already has well-defined sound and arrangements should go with a producer-engineer. How does someone know if they found a good producer? When a producer meets an artist, the artist should check to find out which kind of music the producer likes. If the artist speaks to him about albums which do not say anything to him, or that have a musical style that he does not know very well, the suggestion is to find someone else. It should be made sure that the same frame of reference is shared. It is a question of liking each other, because the artist and the producer will spend many hours together. How long can the production of an album take? It all depends. Let's say that on average a producer will work three months full-time on an album, at a rate of 10 to 12 hours per day, six days per week. What is the role of the studio in the production of an album? The producer often chooses the studio. He wants to ensure himself of a certain output and available equipment. It is a question of atmosphere and space, good vibrations. Who choses, hires, and pays the producer? A new artist who has just signed with a company will suggest two or three names, but generally, it is the artist who has the last word, because the wages of the producer are proportional to the budget of the album, and it is he who is paid last. But there are also artists, especially at the beginning of their career, who will choose a producer who will establish their style. What do you think of artists who produce their own albums? An established artist can have a purer vision of what is wished, but is likely to be limited to record only one album every three or four years. There is also the risk of being under the microscope, where the artist, locked up in his bubble, can lose a global vision of his product. He needs an artistic director to obtain the opinion of an external ear. --Questions asked by Sylvain-Claude FilionLégaré et Haworth: le show le plus drôle
Ou plutôt la glace était cassée. Pas celle de la patinoire de la place D'Youville, mais celle qui énervait tant Mario Légaré et Rick Haworth qui, pour la première fois de leur vie, montaient sur une scène en tant qu'artistes invités. Aussi connus dans l'univers musical que Barabas dans la passion. Rick et Mario ne se souviennent pas d'avoir sauté un Festival d'été depuis au moins 25 ans! Sauf qu'ils ont l'habitude d'accompagner les autres en tant qu musiciens. Entre autres, les Michel Rivard, Daniel Bélanger et Kevin Parent, avec qui ils joueront pour le spectacle de clôture du Maurier. Tour ça pour dire que, pour la toute première fois de leur vie et de leur carrière, Rick et Mario présentaient LEUR spectacle. Par sureroîl, ils ne se contentent pas de jouer, mais se permettent quelques chansons, toutes en anglais cependent. "Avec mon accent, je n'oserais jamais chanter en française," a dit Rick Haworth en entrevue, un peu plus d'une heure avant le spectacle. Et à voir la réaction du public massé à Place Métro, hier soir, ils en on surpris plusieurs acev un spectacle éminemment sympathique et . . . drôle. Sans acun doute le show le plus drôle de tout le Festival d'été. Ils étaient tellement nerveux qu'une blague n'attendait pas l'autre entre les pièces, exactement comme s'ils étaient en train de répéter avec un gang de chums. D'ailleurs, Haworth conflait avec humour que, jusqu'à maintenant, leur musique n'était qu'une affaire de garage. "C'est ça, Lance-t-il en riant, on va virer la place en sous-sol!" Et c'est practiquement ce qui s'est passé, tellement l'ambiance était à la détente à la spontanéité et au plaisir pur et simple. Il ne faut toutefois pas négliger la performance musicale des deux comparses. S'ils ont un sens de l'humour hors du commun, Légaré, qui tient nerveusement sa basse, et Haworth à la guitare, slide et autres, ne rient plus aussitôt qu'ils commencent à toucher leurs cordes. s'il y en avait encore qui ne les connaissaient pas, ils ont découvert, à n'en pas douter, d'excellents musiciens. Au programme, quelques-unes de leurs compositions, mais aussi des chansons très "roots" au dire de Rick, des chansons plutôt folk-rock comme River rat Jimmy, Riding with the king, de John Hiatt, Wake up Dolores, de Los Lobos, une chanson de Zachary Richard. Avis aux interessés et aux couche-tard, le duo reprendra son spectacle dimanche soir, après le spectacle de clotûre avec Kevin Parent, vers 1h du matin, au Pub St-Alexandre. Denise MartelRICK HAWORTH-MARIO LÉGARÉ: À la bonne franquette des <<pros>>
Habitués des côtés et du fond de la scène, Rick Haworth et Mario Légaré trônaient en plein milieu, hier soir, sous les plus gros projecteurs. Ils n'ont pas fait de cérémonie pour autant. Et l'heure s'est évanouie, laissant tour leur monde sourire aux lèvres . . . La proposition du guitariste et chanteur Haworth et du bassiste Légaré ne mise ni sur le spectaculaire, ni sur la mode. Les deux plait, puissant surtout dans le vaste répertoire folk, blues et country américain. Et le tout est présenté dans une atmosphère de soirée entre copains, un ingrédient très important de leur recette. Le contact était franchement excellent avec la foule réunie à place D'Youville, ce qui était d'autant plus facile que la prestation était d'un très bon niveau. Les deux ont un parfait contrôle de la situation, même si une petite nervosité était quand méme apparente chez le bassiste lors de ses interventions au microphone. Mais au fait, était-ce bien sa fête? Ce ne serait certes pas la moité des forces de ce tandem de s'amuser un peu. Mais pas au détriment de la musique cependent. Au programme hier, du Bob Dylan, Zachary Richard, John Hiatt, Los Lobos, Taj Mahal et du . . . Britney Spears . . . qui n'est jamais venu!!! Disons--le sans détour, Haworth et Légaré ne jouent pas les sympathiques guillards, ils le sont. Mais à travers les blagues qui fusent entre chaque pièce, le talent et la maîtrise demeurent là lorsqu'ils jouent, Rick Haworth a par ailleurs mis en valeur hier sa voix de chanteur pas vilaine du tout, Mario Légaré se limitant pour sa part à quelques voix de soutien. Mais leur véritable terrain de jeu, c'est la guitare. Haworth peut tirer tout ce qu'il veut des guitares, mandolines, slide, etc. Ce n'est pas par hasard que son nom se retrouve sur les albums ou les affiches des spectacles de très nombreuses vedettes québécoises. Dans le programme du Festival d'été, la liste rappelle notamment les Piché, Rivard, Bélanger, Parent et Lhasa de Sela. La feuille de route de Mario Légaré est peut-être moins chargée du côté des gros noms, mais le musicien est capable d'en prendre et d'en donner lorsqu'il attrape ses basses. Le tandem Haworth-Légaré sera au Pub Saint-Alexandre dimanche soir pour aider ceux qui ne veulent pas voir le Festival se terminer, à repousser l'échéance le plus tard possible dans la nuit. Pierre-Paul Noreau